La jeune femme avait laissé son armure rutilante sur le lit, dans sa chambre. Elle n'avait pris que ses affaires personnelles, et son épée, qu'elle avait forgée elle-même: Salthar, le pourfendeur. Finalement, elle ne s'en était servit que peu. Mais elle ne le regrettait pas. Trop de sang avait coulé depuis tant d'années. Les évènements des dernières semaines l'avaient épuisée, et elle ne se sentait plus la force de continuer à se battre. Le mariage annulé, la fausse-couche... Si elle n'avait pas ses enfants, elle se serait laissé mourir. C'était son désir le plus cher. La souffrance était trop grande. Elle préférait tout laisser tomber, rentrer chez elle, à sancerre, élever ses enfants dans l'honneur et la générosité, et oublier.
Séphyros, son fidèle destrier noir, marchait d'un pas lent et sûr en direction des grandes portes. Sur son dos, Gayala était perdue dans ses pensées. Elle remarqua à peine lorsqu'elle franchit les portes et qu'ils passèrent tous deux devant les gardes.
La décision de partir n'avait pas été facile à prendre: c'était desamis chers à son coeur qu'elle laissait derrière elle, seuls à leur sort, dans une guerre sans merci. Une larme coula sur sa joue. Bon sang, qu'elle s'était ramollie... Il y a moins d'un an, elle était sans pitié, aujourd'hui elle ne cessait de verser des larmes, jour et nuit...
Arrivée à plusieurs centaines de mètres de la Tour, elle lança Sephyros au grand galop, pour partir loin, le plus vite possible, sans se retourner et rentrer chez elle. Revoir ses enfants, ses amis, son village...